- Enseigner!
- Mon expérience
- Praticienne ou chercheuse?
- Conception en révolution
- Avis d'autrui
Afin de me rappeler ma conception de l'enseignement a posteriori, je vais évoquer les professeurs que j'ai admirés pendant ma scolarité et mes études. Les professeurs que j'admirais et qui me donnaient envie de travailler, c'étaient toujours des orateurs charismatiques, passionnés et passionnants, aux connaissances encyclopédiques, possédant une culture générale impressionnante. Mais sans "étalage de confiture", car "moins on en a, plus on l'étale" comme disait mon professeur de français.
J'assimilais l'enseignement à un art. L'histoire de ma conception rejoint un peu l'Histoire de l'éducation: "Auparavant, aussi bien chez les Grecs, les Romains, les chrétiens que chez les penseurs plus "modernes" de la Renaissance et de la Réforme, l'éducation et l'enseignement avaient toujours été assimilés à un art, c'est-à-dire, dans la langue d'origine de ce mot, à une technè, terme qu'on peut traduire aussi bien par les équivalents français "technique" ou "art". Les Grecs n'opposaient pas, comme nous le faisons aujourd'hui, l'art, les beaux-arts et la technique, les produits du beau et les produits de l'utile."
La pédagogie. Théories et pratiques de l'Antiquité à nos jours, sous la dir. de Gauthier, C. et Tardif, M. 2ème édition (2005). Montréal: Gaëtan Morin ("Chenelière Éducation"), p. 278Cette conception voulait qu'on naisse "bon prof" même si l'on pouvait s'améliorer. Mais l'art d'enseigner était une sorte de talent inné. Toutes les décisions du dispositif seraient prises par cet être charismatique.
Ma première expérience dans l'enseignement fut une belle leçon de pédagogie! Enseigner dans le professionnel, ce n'est pas intéressant si l'on passe l'heure à s'écouter... J'optais donc pour certaines méthodes plus participatives et créatives (adaptées pour le cours de morale laïque mais aussi le français et les sciences humaines). Je rêvais de collaborer avec des collègues et d'échanger avec des jeunes enseignants... Mais je ne savais trop comment m'y prendre.
Ma conception de l'enseignement en avait pris un coup: je ne m'identifiais pas aux érudits professeurs charismatiques que j'avais tant admirés. Mais mes réflexions provenant de mon vécu d'écolière et de lycéenne me revenaient peu à peu. Les pièces du puzzle flottaient dans ma tête et reconstruisaient ainsi une nouvelle représentation de l'enseignement, plus centrée sur l'apprenant. Je me rappelais notamment des méthodes utilisées à l'école Freinet. Et je pouvais constater tous les jours que chaque élève avance à son rythme, à sa manière. La classe n'est pas un troupeau!
Aujourd'hui, je m'inscris dans le fameux changement de paradigme: en passant de celui d'enseignement à celui d'apprentissage. Le rôle de l'enseignant doit être différent et plus efficace, pour que les élèves apprennent "en profondeur". Ce n'est pas neuf, puisque, dès la 1ère moitié du XXème siècle, les pédagogues de l'École Moderne prônaient et expérimentaient déjà cette centration sur l'apprenant. Pourtant, dans le système scolaire actuel, cette perception et ces méthodes peinent à s'imposer et sont parfois perçues comme "dérangeantes" voire "révolutionnaires"!